2010 ou l’urgence du socialisme !
L’année
2009 s’est terminée par l’échec de la conférence de
Copenhague sur le climat qui n’a abouti à aucun traité
international alors que les places financières retrouvaient
les sommets d’avant les débuts de la crise.
Tout
au plus est-il sorti, in extremis, de cette conférence une
simple déclaration d’intention, mais sans objectifs
chiffrés, sans échéances, sans véritable obligation pour les
Etats à réduire d’une façon significative leurs émissions de
gaz à effet de serre... donc en clair juste une série de
vœux pieux sans aucun véritable engagement.
Au-delà
du fait de savoir si c’est l’intransigeance des Etats-Unis,
le manque de décision de l’Europe, les exigences de la Chine
qui sont responsables de cet échec cuisant au regard des
beaux discours sur les « enjeux historiques de sauvetage
de la planète », ce sont bien les représentants des
classes dominantes, et donc finalement l’ensemble de ce
système fondé sur l’économie de marché et la concurrence qui
ont montré là, à travers un grand show médiatique, leur
incapacité à tenir compte des cris d’alarmes des
scientifiques.
Et
c’est d’ailleurs tout le paradoxe de la situation au sortir
de cette conférence et à l’entrée dans cette nouvelle année
2010. La campagne très officielle sur les causes de la crise
climatique faite pendant la préparation de Copenhague,
relayée par tous les Etats, les milieux scientifiques, les
médias bien au-delà de ce que toutes les forces militantes
associatives, syndicales, politiques auraient pu faire, a
contribué comme jamais à renforcer la prise de conscience
internationale de l’ampleur d’une menace face à laquelle il
ne peut y avoir de réponses qu’à l’échelle de la planète. L’échec
du sommet de Copenhague vient, dans le même temps, montrer à
quel point le capitalisme est responsable de cette situation
mais aussi à quel point ses dirigeants sont bien trop
soucieux de la défense des intérêts de leurs propres
industriels et financiers pour être capables ne serait-ce
que de mettre en application les solutions les plus timides
de leurs propres experts.
Comme
l’a souligné non sans ironie Chavez, président du Venezuela,
à la tribune de la conférence : « Si le climat avait été une banque
capitaliste, une des plus grandes, il y a belle lurette
que les gouvernements riches l’auraient sauvé.»
Cette
incapacité des dirigeants
de ce monde à proposer de véritables solutions à la crise
climatique est fondamentalement due au fait que le
capitalisme ne connaît comme moteur que le profit à court
terme et la concurrence comme aiguillon. En réalité, et cela
apparaît de plus en plus clairement, la crise climatique n’a
servi depuis une dizaine d’années que de prétexte hypocrite
aux industriels, aux financiers pour ouvrir de nouveaux
marchés, de nouvelles possibilités de spéculer, avec la
seule préoccupation de tenter le sauvetage de leur système
en faillite. Derrière les grandes déclarations sur
l’environnement, la réalité est tout autre : marchandisation
de la nature, accaparement de terres, nouvelle bulle
spéculative autour du marché du carbone, du droit à polluer.
Ces soi-disant solutions écologiques n’ont fait qu’aggraver
la situation tant pour l’environnement que pour les peuples,
mais par contre elles ont permis de créer de nouvelles
sources de profits.
Le décalage entre les beaux discours
sur la préservation de la planète et de ses ressources, sur
le développement durable, sur les solutions « vertes »,
écologiques, et les sordides tractations économiques dont
Copenhague a été un théâtre est choquant mais n’est jamais
que le reflet de la réalité de ce qu’est le capitalisme et
des intérêts que défendent les dirigeants des plus grandes
puissances... « C’est un bras d’honneur à la conscience
citoyenne » comme l’a déclaré Nicolas Hulot.
Face
à l’incurie des dirigeants des grandes puissances, le
président de la
Bolivie Evo Morales a
fait la proposition d’un tribunal de justice climatique
voire d’un référendum mondial sur le climat... Mais peut-on
attendre quoi que ce soit des dirigeants de cette société ?
C’est avant tout par leur lutte et leur mobilisation que les
peuples pourront s’emparer de la question pour imposer le
respect de l’intérêt du plus grand nombre et de la planète
contre ceux d’une minorité. Car la
mise en œuvre de véritables solutions face à la crise
climatique implique une planification mondiale et
démocratique de l’économie, qui ne peut reposer que sur le
contrôle par la population de la marche même de la société
et de son économie, c’est-à-dire sur une véritable
démocratie.
Le
sommet de Copenhague a conclu l’année 2009 en révélant au
grand jour la profondeur de la faillite globale du système.
Après la crise financière, et la cynique politique de
sauvetage des banques grâce à l’argent public dévoyé, les
dirigeants de ce monde étalent au grand jour leur
aveuglement et leur impuissance. 2009 marque un basculement,
une étape importante dans l’évolution des consciences.
Jamais les mensonges des représentants politiques des
classes dominantes ne se sont affichés avec autant d’aplomb,
de cynisme contre l’opinion mondiale. La faillite du système
associé au cynisme des Etats volant au secours des
responsables comme leur impuissance à répondre aux problèmes
fondamentaux accélèrent la prise de conscience de l’urgence
pour les peuples à prendre les choses en main.
2010
pourrait bien marquer le début d’un renversement de
situation, car c’est bien cette prise de conscience
internationale qui prépare le terrain pour que se développe
à une échelle sans précédent une véritable conscience
internationaliste, la conscience de l’urgence d’une
transformation révolutionnaire de la société face à la crise
économique, sociale, écologique, la conscience de l’urgence
du socialisme.
C’est
à cette perspective, à ce combat que vont tous nos vœux…
Bruno Bajou