Pour les droits démocratiques des femmes - Ni loi, ni burqa !
Demandée
par Sarkozy et initiée par le député du Parti communiste
André Gerin, la mission parlementaire sur le port du voile
intégral, la burqa, a remis un rapport qui préconise son
interdiction dans les lieux publics et avance même la
possibilité du refus d’accès aux services publics, voire le
refus de l’attribution de la nationalité française. Certes,
le fait de ne pas « dissimuler son visage » dans les
lieux publics, ce que les tenants de la loi se proposent
d’interdire, pourrait sembler à beaucoup relever de la
simple civilité. La burqa est une véritable prison pour les
femmes obligées de la porter, la négation même de la
personnalité de celles qui en sont les victimes. Mais là
n’est pas la véritable préoccupation de Sarkozy, Copé ou de
Gerin qui s’en fait le complice. Il s’agit bien pour eux
d’instrumentaliser une situation qui choque, quoique
marginale, pour stigmatiser les populations immigrées. Ils
veulent flatter le racisme et diviser le monde du travail.
Et c’est bien cela qui est l’essentiel. Sarkozy cherche à
créer un climat d’hostilité à l’égard des populations
immigrées, dérivatif pour le mécontentement ! Cette campagne
contre la burqa vient en complément du débat pourri sur
l’identité nationale et ne vise rien d’autre qu’à flatter
les préjugés racistes et anti-immigrés, en espérant pouvoir
racoler les voix de l’extrême-droite. Elle participe d’une
manipulation de l’opinion à des fins de diversion, pour ne
pas parler de l’essentiel : la crise, le chômage, les
attaques contre le monde du travail par le patronat et le
gouvernement.
C’est
bien pourquoi les travailleurs ont toutes raisons de
dénoncer les manœuvres de Sarkozy et de ses alliés de droite
ou de gauche, de s’opposer à une loi discriminante. Mais
leur opposition au gouvernement et à sa campagne
réactionnaire ne saurait les amener à taire leur combat
démocratique pour les droits des femmes, bien évidemment
contre la burqa, mais aussi contre le voile.
La
droite ose se prévaloir des droits des femmes pour
stigmatiser les populations immigrées alors qu’en permanence
elle les remet en cause par sa politique qui accroît la
misère et le désespoir, qui démantèle les services publics
en particulier ceux de la santé ou de l’éducation, alors
qu’avec la loi Bachelot les subventions au planning familial
diminuent encore, remettant en cause le droit à
l’avortement, alors que les retraites des femmes, les
services publics à l’enfance, aux femmes victimes de
violences, sont attaqués !
Une
loi contre la burqa ne libérera pas les femmes qui la
portent. Elle ne pourra aboutir qu’à un enfermement
supplémentaire, leur interdisant toute sortie du foyer
patriarcal. Elle ne pourra que donner des arguments aux
intégristes qui, dans les quartiers, voudraient imposer leur
propre loi, celle de la soumission des femmes et des jeunes
à l’autorité paternelle, aux traditions, aux institutions.
Si elle passait, elle ne pourrait que créer des situations
de tensions au détriment des femmes ce qui favoriserait la
propagande des religieux.
Combattre
l’influence de ces derniers exige de toutes autres méthodes
que la discrimination, la violence d’Etat, de cet Etat qui
est responsable de la misère des quartiers populaires.
Des
militantes d’associations comme Féministes Laïques
Algériennes et Iraniennes, ou Organisation de Femmes
Egalité, cherchent aujourd’hui le soutien des féministes
européens, femmes et hommes, et de toute leur expérience de
luttes pour l’égalité entre les sexes, pour le droit à la
contraception et à l’avortement, contre la marchandisation
des corps, le sexisme et l’homophobie, contre les
intégristes religieux.
Ces
militantes, en proie à une répression féroce dans leurs
pays, refusent que des féministes en Europe, au nom d’un
« féminisme laïc, ouvert et tolérant », acceptent
l’influence croissante des intégristes, en refusant leur
combat contre le port du voile et contre toute l’idéologie
religieuse qui le justifie.
Car
les pratiques religieuses qui imposent le port du voile,
empêchent aussi les femmes d’accéder à la contraception et à
l’avortement, de vivre librement avec les hommes dans une
société moderne, de pratiquer le sport ou la musique à
l’école, de connaître les sciences et tout ce qui permet de
comprendre la matière et l’histoire humaine de manière
matérialiste, dont la lutte des classes.
En
tant que militants féministes et révolutionnaires, nous
voulons pouvoir continuer à faire un travail de fond avec
les femmes, toutes les femmes, y compris celles qui portent
le voile, par la discussion, le débat, voire la
confrontation publique. La lutte contre l’emprise des
religieux s’oppose à toute discrimination. Elle est un
combat démocratique qui vise à construire des liens de
solidarité entre femmes et entre tous les opprimés, quelles
que soient leurs origines ou leur religion.
Le
combat féministe, contre toute forme d’oppression de la
femme, de dissimulation de son corps, est indissociable du
combat démocratique de tous les opprimés. C’est un combat
qui ne peut être mené à coups de lois aux relents xénophobes
et racistes imposées par l’Etat.
C’est
un combat du mouvement ouvrier et démocratique, laïc, pour
sa propre unité, uni contre toutes les formes d’oppression
patriarcale, sociale, et toute atteinte aux droits
démocratiques.
Monica Casanova