Encourager les salariés, les chômeurs, les jeunes à exiger leur dû, à ne rien lâcher, pour tout changer !
A
moins de dix jours du premier tour, la campagne des
Régionales apparaît bien loin des préoccupations du plus
grand nombre. Alors que les petites phrases succèdent aux
manœuvres d’appareils, que tous ont les yeux rivés sur 2012
de De Villepin à Sarkozy, d’Aubry à Royal et DSK en passant
par Bayrou, Cohn-Bendit et Mélenchon… il est bien difficile
de voir en quoi ces élections peuvent être utiles à ceux qui
veulent agir pour changer les choses.
L’UMP
s’embourbe dans cette campagne avec des relents nauséabonds,
le PS
ne doit sa pseudo embellie qu’à la crise de la droite, et
chacun sait que quelles que soient les majorités des Régions
demain, le problème de qui paiera la crise et du partage des
richesses sera entier. C’est à cela que la campagne du NPA
voudrait répondre, en portant les exigences du monde du
travail. Même si les débuts de la campagne ont mis nombre de
militants en difficulté, c’est le moins qu’on puisse dire,
cette dernière semaine doit nous permettre de faire entendre
la voix claire et indépendante de l’anticapitalisme, la voix
de notre classe, celle de la démocratie, de l’émancipation.
Ne rien lâcher !
Ne
rien lâcher, c’est le sens des luttes de ceux qui, ces
dernières semaines, refusent de payer les conséquences de la
loi du profit. Celle des travailleurs de la raffinerie Total
à Dunkerque qui, malgré l’appel de la CGT du groupe à la
reprise du travail, ont reconduit leur grève avec leurs
syndicats locaux SUD, CGT et FO jusqu’au 8 mars, date du CCE
où leur avenir sera « discuté ». C’est aussi le sens de la
lutte des Philips à Dreux ; celle des marins de la SNCM qui
viennent de faire reculer leur direction sur ses projets de
réduction de la flotte et obtenir le passage de 40 CDD en
CDI ; celle des lycéens et des professeurs de la Région
parisienne qui se sont donné rendez-vous à la rentrée ; ou
encore celle des ingénieurs de Siemens à Saint-Chamond qui
ont séquestré le Directeur financier et la DRH pour que soit
entendues leur colère et leur opposition à la fermeture du
site pour une nième délocalisation.
Des
luttes contre les licenciements mais aussi pour les
salaires, dont toutes ne font pas la une des journaux, loin
de là, mais qui font toutes écho à la grève des travailleurs
grecs la semaine dernière avec comme slogans « Grève
contre les spéculateurs », « Les hommes et leurs
besoins sont au-dessus des marchés et des profits » ou
« Les marchés doivent payer pour la crise ! ».
C’est
bien cela qui est au cœur de la situation politique et
sociale : l’affrontement entre l’intérêt général, celui des
travailleurs, de la population, et la logique capitaliste,
la course au profit, à la rentabilité, la mise en
concurrence de tous contre tous qui provoque des reculs
sociaux en chaîne. Une logique que Pépy, Président de la
SNCF, reprend à son compte à propos de la possible ouverture
à la concurrence des TER : « il faut que les conditions
sociales soient harmonisées entre la SNCF et les autres
opérateurs pour que la compétition soit équitable »…
ce qui signifie pour lui revoir l’organisation du travail,
les salaires et le temps de travail des cheminots.
Crise
ou pas, les dirigeants des entreprises, les mêmes qui
licencient et implorent l’aide de l’Etat, annoncent à tour
de rôle les profits 2009 : 8,4 milliards d'euros pour Sanofi
Aventis ; 7,8 milliards pour Total ; 3 pour BNP Paribas ;
3,9 pour EDF ; 1,1 pour le Crédit agricole… Des milliards
directement issus du travail humain, de l’exploitation,
redistribués en dividendes aux actionnaires.
Le
corollaire, c’est un chômage à plus de 10 %, un million de
chômeurs en fin de droits cette année, les salaires qui
stagnent ou baissent (l’Insee vient de révéler qu’ils ont
baissé de 0,3 % par an dans la fonction publique
hospitalière entre 2002 et 2007).
Discrédit et crise au sein de
la droite
En
faisant le choix d’envoyer nombre de ses ministres conduire
les listes aux Régionales, Sarkozy espérait faire avaliser
son offensive anti-ouvrière et raciste et, tout
particulièrement, l’attaque contre les retraites. Mais la
situation se retourne contre lui, le gouvernement est en
difficulté, fragilisé par les conflits sociaux. La
détermination des grévistes, tant à Philips qu’à Total, ont
contraint Estrosi à intervenir, mais ses grandes
déclarations ont surtout étalé son impuissance.
Le
discrédit grandissant du gouvernement aggrave la crise de la
droite, menacée de perdre les deux seules régions qu’elle
gouvernait. Face au désastre annoncé, Sarkozy -qui laissait
jusque là Fillon diriger la campagne- vient de monter en
première ligne en convoquant Pécresse, tête de liste Ile de
France pour s’expliquer sur sa contre performance et ses
cafouillages grossiers (les mensonges crasseux préparés avec
le maire UMP de Franconville, traînant dans la boue Soumaré,
tête de liste PS d’origine malienne). La situation rend la
droite nerveuse, et particulièrement médiocre.
Le PS profite de la situation…
et se fait le relais du gouvernement dans les régions
Au
PS, Martine Aubry est parait-il regonflée… Mais l’ambition
du PS est simple, par-delà ses rivalités internes :
continuer la politique qu’il mène à la tête de 20 des 22
régions. Une politique toute dévouée aux intérêts des
« entreprises » au nom de la « relance » et de « l’emploi »,
déclinaison locale de celle que mène la Droite au
gouvernement.
Car
le PS n’a d’autre politique face à la crise que celle que
mènent les gouvernements socialistes espagnol ou grec, ou
encore DSK à la tête du FMI. Une politique totalement
soumise à la logique libérale, au service de l’ordre
capitaliste.
Quant
à Europe Ecologie et aux Verts, qui partagent avec le PS (et
parfois le PCF) le bilan des Régions, ils ont choisi de se
présenter seuls contrairement à 2004, espérant mieux
négocier les places au second tour et voulant croire à une
réédition des Européennes... De fait, ils peinent à
prolonger l’effet, ce qui n’empêche pas Cohn-Bendit de
négocier les places pour… les législatives de 2012, et de
continuer son recentrage avec, dernier épisode, des appels
du pied à Rama Yade…
Le
Modem, lui, en pleine déconfiture et qui s’est récemment
découvert une fibre sociale, se prépare aussi à négocier
avec le PS (quand ce n’est pas fait dès le
premier tour comme en Poitou Charente) du moins là où il
obtiendra les 5 %….
Une « gauche de gauche » ?...
Mais
heureusement, le Parti de Gauche veille : Mélenchon vient
d’annoncer la sortie d’une « brochure anti-Bayrou » à
l’usage du PS pour lui « démontrer que le MoDem a un
programme de droite ». « Nous ferons tout ce qui
est en notre pouvoir pour empêcher le PS de s'allier avec
le MoDem » a-t-il dit. Quant à savoir si le PS est de
gauche, la brochure n’est pas encore sortie…
Ce
qui est sûr et que répètent Mélenchon et ses alliés, c’est
que le Front de Gauche veut « agir dans des majorités ».
Et on peut faire confiance tant au PCF, qui a déjà beaucoup
donné, qu’à Mélenchon, ancien ministre de Jospin… Le FdG a
beau vouloir « vitaminer la gauche », ne pas vouloir
une « gauche raplapla », son «
projet de long terme »
dont parle Piquet ne peut être que de se retrouver comme
nouvelle force d’appoint du PS… il n’a d’autres perspectives que
d’aller au pouvoir avec lui dans les régions aujourd’hui, à
la tête de l’Etat demain. Pour Mélenchon, les choses sont
simples : « Si vous votez massivement pour le
Front de gauche, vous fonderez un Front de gauche durable
qui fera toutes les élections ensemble et ceci jusqu'au
sommet de l'Etat ! ».
Face à la crise, répondre à
l’offensive idéologique, porter les exigences du monde
du travail, en toute indépendance de la gauche
gouvernementale
Loin
de toutes ces tractations, la campagne du NPA entend aider à
faire face à l’offensive, tant économique qu’idéologique.
Les listes Tout changer, rien lâcher ! font écho à
ceux qui résistent, pour que soit entendue la voix de la
révolte contre ce système, en toute indépendance des
appareils et de tous ceux qui appellent au « sens des
réalités », au « dialogue ».
Notre
programme n’est pas un catalogue de revendications qu’une
bonne majorité pourrait petit à petit appliquer à la Région,
mais un programme d’urgence pour les luttes face aux ravages
de la crise. Nos listes se veulent un encouragement à tous
ceux qui se battent.
Certes,
le NPA a été mis en difficulté par les débuts de la
campagne. La façon dont se sont déroulées les « discussions
unitaires » l’a fragilisé, le rendant par trop sensible aux
pressions du Front de Gauche. Alors même qu’il était clair
que celui-ci postulait à participer aux majorités avec le PS,
le PG et le PC ont utilisé les hésitations pour manœuvrer
jusqu’à la veille du dépôt des listes dans certaines
régions. Cela a non seulement joué avec les nerfs des
militants mais a troublé et fait perdre confiance. Et
surtout semé la confusion sur notre orientation politique. Sans
parler du fait accompli de la présence d’une candidate
portant le foulard islamique qui heurte à juste titre bien
des militant(e)s et des sympathisant(e)s, tant sur la forme
que sur le fond, et rompt avec le combat pour l’égalité des
sexes et contre les préjugés religieux
Alors,
tout cela a certes pesé et démoralisé, mais cette dernière
semaine de campagne est justement l’occasion de parler
clairement notre voix, celle de la lutte de classe, de la
révolte, en toute indépendance des appareils
institutionnels, la voix des oubliés, des sans grade qui
font tourner la société. Sans sectarisme mais en disant
clairement ce qui est, à l’image du parti que nous voulons
construire, un parti ouvert, où la démocratie se bâtit par
en bas, par la participation de tous en pleine indépendance
des partis institutionnels.
Alors
oui, tout changer, rien lâcher ! Il reste une semaine pour
convaincre de l’utilité de voter pour nos listes, et bien
plus pour appeler largement les travailleurs(euses), les
privé(e)s d’emploi, les jeunes à prendre part à la
construction du NPA, d’un parti pour aider à l’unité, unité
des anticapitalistes et des révolutionnaires, unité du monde
du travail et de la jeunesse face à la crise, et pour œuvrer
à la prise en main de la société par les classes exploitées
elles-mêmes.
Isabelle Ufferte