Les débuts de « l’ère Obama » ou le redéploiement libéral et impérialiste
La tenue du G20 à Londres puis du sommet de l’OTAN à Strasbourg, les discours d’Obama à Prague, Ankara, Istanbul ont représenté un moment important où s’est redéfinie la politique des grandes puissances libérales et impérialistes pour faire face aux conséquences de la crise globalisée ainsi qu’à l’échec de la politique internationale mise en œuvre par Bush au lendemain du 11 septembre 2001.
« Nous vivons une période
de défis économiques mondiaux auxquels on ne peut répondre
par des demi-mesures ou les efforts d'un seul pays, quel
qu'il soit. Il est aujourd'hui de la responsabilité des
leaders du G20 de prendre des mesures audacieuses,
ambitieuses et coordonnées qui non seulement permettront à
l'économie de se redresser, mais ouvriront une ère nouvelle
d'engagement économique capable d'empêcher à l'avenir une
telle crise de se reproduire. […] Mon message est clair :
les Etats-Unis sont prêts à assumer leur leadership, et nous
appelons nos partenaires à se joindre à nous, conscients de
l'urgence et soucieux de l'objectif commun. Du bon travail a
déjà été accompli, mais beaucoup plus reste à faire. Notre
leadership est fondé sur une prémisse simple : nous sommes
résolus à agir avec détermination pour sortir l'économie
américaine de la crise et réformer nos mécanismes de
régulation, et nos actions seront renforcées par les mesures
complémentaires prises à l'étranger » avait tenu à dire
Obama avant sa venue en Europe.
Il s’agissait pour lui et ses
alliés de tenter de donner une cohérence d’ensemble à leur
politique pour faire face au discrédit croissant dont ils sont
l’objet comme le système capitaliste qu’ils défendent. L’enjeu
est de taille pour eux car ce que l’on appelle la crise du
capitalisme, « crise systémique », est bien la crise de la
classe dominante. Le système capitaliste n’est pas une
abstraction, un modèle, mais bien un rapport de classe défini
à l’échelle internationale autour de l’exploitation salariée
par la domination d’une aristocratie financière de plus en
plus minoritaire et parasitaire.
Cette classe dominante n’est
pas homogène, elle est traversée par des contradictions, des
rivalités, des divergences d’intérêt mais elle est
aujourd’hui, par delà ces contradictions, déstabilisée,
discréditée, menacée par les conséquences de sa propre
politique. L’ensemble de ses forces sont mobilisées pour faire
face à la menace de faillite dans la perspective de
sauvegarder sa domination.
La stratégie américaine est
claire, reprendre l’offensive tant sur le plan économique que
diplomatique et militaire pour restaurer son leadership sur le
monde en posant au champion de la coopération avec les autres
nations dans le cadre défini… par eux-mêmes et en invoquant la
nécessité d’une nouvelle régulation du capitalisme…
Le G20, des réponses qui
alimentent la crise
Cette politique qui se
revendique de l’intérêt général est, bien au contraire, une
politique de classe et c’est en s’adressant aux intérêts de
classe de ses amis et rivaux qu’Obama entend ressouder autour
des USA les autres puissances mais aussi les classes
dominantes des pays dominés. « Nous avons l'obligation
économique, sécuritaire et morale de tendre la main aux pays
et aux populations les plus gravement menacés. Si nous leur
tournons le dos, les souffrances entraînées par cette crise
seront plus vives encore, et notre propre redressement sera
retardé du fait que les marchés susceptibles d'accueillir
nos produits se rétréciront encore plus, entraînant par là
même des pertes supplémentaires d'emplois
américains.[…] Tout en agissant, nous devons nous engager
collectivement à encourager le libre-échange et la liberté
des investissements, tout en résistant aux tentations
protectionnistes qui ne feraient qu'aggraver la crise. »
Obama invoque
l’interdépendance des différentes nations pour mieux
préserver… la dépendance des nations les plus faibles à
l’égard des USA et des autres grandes puissances et les
inviter à s’y soumettre. La sauvegarde du leadership américain
prétend s’identifier à la sauvegarde de la domination des
classes capitalistes tant sur le plan économique que
politique.
Il s‘agit de tout faire afin
que le capital financier traverse la crise avec le moins de
dégâts possible. C’est là le sens de la politique suivie par
les « autorités monétaires ». Passé le moment critique de fin
septembre 2008 où l’objectif a été d’éviter l’effondrement du
système financier, les sommes astronomiques injectées et les
mécanismes mis en place visent moins le redémarrage du crédit
que la limitation des pertes essuyées par les institutions
financières. Là est encore leur priorité.
Les prétendus plans de relance
n’ont pas d’autre objectif et rien n’est fait, ou si peu, pour
empêcher ou simplement freiner la récession en cours. Sur le
terrain de la production, les Etats laissent la crise
accomplir son œuvre de dévalorisation du capital engagé dans
la production, fermeture d’usines, l’envoi à la casse de
machines et d’équipements et la mise au chômage massif des
salariés. Sauvegarder les intérêts des groupes financiers tout
en élaguant l’appareil productif, en le concentrant dans la
perspective de dégager de nouveaux profits, telle est la
politique des classes dominantes et de leurs Etats quel qu’en
soit le coût social...
Les politiques confirmées aux
USA et par le G20 auront probablement pour effet d’éviter un
effondrement des banques et du système financier, du moins
brutal, mais en contrepartie elles alimentent les mécanismes
profonds de la crise : la contradiction entre une masse
considérable de capitaux à la recherche de plus-value alors
que la consommation diminue, que la production se rétracte et
que les investissements productifs diminuent. Les classes
dominantes gagnent du temps, sauvent l’essentiel. Mais, en
fait, impuissantes à empêcher la récession, elles ne peuvent
tout au plus que reculer les nouvelles échéances de la crise
financière et aussi monétaire. Elles ne sont capables que
d’une politique à courte vue en annonçant, pour les besoins de
leur propagande, l’horizon d’une reprise pour 2010, 2011…
Une crise inédite qui
repose tous les problèmes en termes nouveaux
L’autosatisfaction affichée
par les chefs d’Etat et les commentateurs à l’issue du G20 se
félicitant de la nouvelle coopération entre les Etats qui
auraient su tirer les leçons du passé, de la crise de 29,
relèvent du bluff ou de l’aveuglement.
Les classes dominantes n’ont
guère appris depuis 1929. Dominées par la défense de leurs
intérêts les plus immédiats, comme en 29, elles se contentent
d’expédients. L’économie, elle, a beaucoup changé. Ces
changements, conséquence de la mondialisation libérale,
financière et des progrès techniques, ont créé des liens
d’interdépendance financière, productive, commerciale qui
contraignent les Etats et les bourgeoisies à tenter de
coopérer pour éviter l’effondrement financier et la montée des
protectionnismes. Cela donne à la crise actuelle un caractère
inédit, mais ne signifie en rien que les classes dominantes
ont tiré les leçons du passé pour être à même de la contrôler.
Dans les années trente, la combinaison de l’effondrement du
système bancaire et de la montée des protectionnismes dans un
monde où la puissance dominante, l’Angleterre, cédait la place
sans que la nouvelle, les USA, ait pu s’affirmer, produisit
des enchaînements dramatiques qui conduisirent à la deuxième
guerre mondiale impérialiste pour le partage et la domination
du monde.
De tels enchaînements ne sont
pas, à l’heure actuelle, inscrits dans la logique de la crise.
Cela ne veut pas dire que les effets de cette dernière seront
moins dramatiques pour les travailleurs et les peuples ni
qu’elle ne va pas entraîner une exacerbation des tensions
internationales. Mais la façon dont la crise évolue, ses
rythmes, son influence sur la politique des classes dominantes
n’est pas sans importance, bien au contraire, du point de vue
des possibilités d’intervention du mouvement ouvrier. La
complexité des rapports d’interdépendances économiques et
financières, les bouleversements des rapports de force entre
les nations où les USA sont affaiblis sans qu’aucune autre
nation ne puisse postuler à les remplacer, imposent la
recherche de collaboration. Les maîtres du monde sont
contraints de s’adapter mais cela ne signifie en rien qu’ils
soient à même de mettre en place de nouvelles régulations.
Bien au contraire, par delà les proclamations hypocrites, il
s’agit de sauvegarder l’économie de marché, la concurrence,
les luttes pour l’appropriation des richesses qui opposent à
travers le monde les multinationales. Les régulations ne
peuvent venir que des travailleurs et de la population.
Imposer le leadership
américain comme seul garant de l’ordre libéral et
impérialiste
C’est ce contexte qui explique
la politique d’Obama et donne tout son sens à l’offensive
diplomatique et militaire qu’il a engagée à l’occasion du
sommet de l’OTAN, à Prague ou en Turquie. Elle vise à imposer
le leadership américain à l’ensemble des nations dominantes
comme la seule solution pour maintenir un ordre mondial face à
la crise globale.
La politique internationale
d’Obama prend en compte un double échec, échec économique et
social, échec diplomatique et militaire. Le développement de
la crise vient renforcer l’échec diplomatique et militaire,
affaiblir les positions américaines au point que la position
de Bush était devenue absolument intenable.
Les commentateurs essaient de
trouver des motifs de satisfaction en voyant dans la
redéfinition de la stratégie américaine une rupture avec Bush.
Si la méthode est bien obligée de changer, quant aux
objectifs, la continuité en réalité l’emporte, elle est même
au cœur de la nouvelle stratégie qui constitue une escalade
dans l’offensive impérialiste.
« Il est temps de tourner
la page », avait déclaré Obama lors de sa campagne
électorale. « Quand je serai président, je mènerai la
guerre qui doit être gagnée, avec une stratégie générale :
sortir d’Irak et passer au juste champ de bataille en
Afghanistan et au Pakistan ; développer les capacités et le
partenariat dont nous avons besoin pour détruire les
terroristes. »
L’Afghanistan, devenu le « juste
champ de bataille » pour occulter la guerre en Irak dont
la propagande officielle voudrait laisser croire qu’elle est
en train de trouver une issue. Mensonge.
Le « pacte de sécurité avec
les Etats-Unis », approuvé par le gouvernement irakien,
autorise les forces américaines à rester en Irak trois années
de plus après 2008. Après 2011, un autre accord devra être
conclu. Mais rien ne dit que cet accord se réalise et encore
moins que, s’il se réalise, il puisse stabiliser la situation
politique en Irak. La Maison Blanche et le Pentagone mettent à
profit cette période de négociations et de tractations
politico-militaires pour désarmer l’hostilité de l’opinion à
la guerre tout en se redéployant en Afghanistan. « Sortir
d’Irak et passer au juste champ de bataille en Afghanistan
et au Pakistan » constitue en fait une stratégie
offensive qui n’a rien de pacifiste. Non seulement, rien n’est
moins sûr que la sortie d’Irak mais tout laisse à penser que
le juste champ de bataille est en train de se transformer en
point de concentration des tensions régionales et
internationales.
Le choix d’Obama de
régionaliser le conflit en y intégrant le Pakistan et de faire
de la guerre en Afghanistan le centre des renégociations des
relations des USA avec l’Iran, la Russie comme avec ses alliés
européens est lourd de dangers.
En Afghanistan même,
l’influence des forces réactionnaires et des talibans ne cesse
de progresser. La mise en demeure du Pakistan de s’associer à
la politique américaine ne peut qu’y accentuer les tensions
internes, déstabiliser un pays de 140 millions d’habitants,
doté de l’arme nucléaire et en conflit permanent avec l’Inde.
La volonté d’engager le
dialogue avec l’Iran, invité fin mars à La Haye à une
conférence sur la reconstruction de l’Afghanistan, de mettre
fin à sa diabolisation n’a, en fait, rien d’une politique de
coopération démocratique. Elle vise à jouer des ambitions
d’une puissance régionale dans le cadre des rapports
impérialistes. La décision de rouvrir les discussions sur les
armes nucléaires, les intentions affichées de vouloir « un
monde sans armes nucléaires » ne relève pas que de la
propagande. Elle ouvre une renégociation des rapports de
force, engage une redéfinition des relations entre les USA et
les autres puissances, l’Iran et aussi la Russie.
La reprise des discussions
avec la Russie, huit mois après la crise géorgienne, est le
contre-poids à l’ouverture vers l’Iran dans une politique qui
joue des rivalités entre nations.
« Au cours de ces dernières
années, il y a eu des tensions entre nos deux pays et cela
allait dans la mauvaise direction », a déclaré Dmitri
Medvedev, le Président russe rajoutant : « Cela ne servait
ni les intérêts des Etats-Unis, ni ceux de la Russie,
ni ceux d'une stabilité mondiale. Nous nous sommes mis
d'accord pour ouvrir une nouvelle page de nos relations, de
les relancer sur de nouvelles bases, en tenant compte des
responsabilités communes de nos pays à l'égard de la
situation mondiale ».
Les USA et la Russie se sont
par ailleurs entendus pour travailler ensemble sur
l'Afghanistan et ont appelé l'Iran à fournir des éléments
prouvant la nature « pacifique » de son programme de
développement nucléaire. Ils ont également condamné le tir de
missile par la Corée du Nord.
Ces négociations impliquent
des contreparties et des surenchères concurrentes. Dmitri
Rogozine, ambassadeur de la Russie auprès de l'OTAN n’a pas
manqué de rappeler au moment même où Obama et Medvedev se
réjouissaient de leur nouvelle collaboration : « Nous
attendons d'abord une transformation de l'OTAN
en alliance politique et militaire moderne, capable de
garantir la sécurité dans l'espace euro-atlantique ; sinon
elle se transformera en gendarme global. Nous attendons
aussi des réponses sur la manière de régler la situation en
Afghanistan. Les troupes de l'OTAN sont dans
cette région, et nous ne voyons pas les résultats de leur
action pour le moment. Enfin, nous attendons l'affirmation
de la nécessité du partenariat avec la Russie, et la
reconnaissance du fait que l'Alliance a commis des erreurs
en s'alignant sur les positions du président géorgien durant
l'été. » Autant dire que rien n’est oublié ni réglé !
Derrière les discours sur la
coopération, chacun entend défendre ses propres intérêts tant
sur le plan des relations diplomatiques qu’économiques, mener
une lutte acharnée pour les zones d’influence, le contrôle des
moyens de communication, d’approvisionnement en pétrole, en
gaz, des richesses. Et c’est bien là où le libéralisme
impérialiste est incapable d’apporter la paix. Au mieux il ne
peut construire qu’une paix impérialiste fondée sur la
domination d’une puissance sur les autres ou sur une entente
entre puissances dominantes, une paix armée méprisant le droit
des peuples qui prépare de nouvelles explosions guerrières.
L’OTAN, instrument
politique et militaire au service de la domination des
puissances occidentales
Dans ce contexte de crise, de
tensions, de bouleversements des rapports de force,
d’instabilité, accentués par la politique même des USA, l’OTAN
représente le seul cadre d’alliance à peu près fiable pour
eux, celui de « la famille occidentale ». Pour mener à
bien leur offensive qui, sans avoir la bêtise de le dire,
continue de s’inspirer du « chaos constructeur » vanté
par les conservateurs américains, ils ont besoin d’un
instrument politico-militaire à la fois cadre d’alliance
politique stable et « gendarme global ». L’OTAN est
devenu cet instrument. Intégration des pays de l’Est, liens de
plus en plus formalisés avec Israël, relance des rapports avec
la Turquie invitée par Obama à intégrer l’Union européenne, « la
famille occidentale » tend à s’élargir pour défendre ses
intérêts communs sous la houlette des USA. Le soutien apporté
à la politique de ces derniers en Afghanistan constitue la
pierre angulaire de cette alliance.
C’est aussi cette évolution du
rôle de l’OTAN qui explique le choix de Sarkozy d’intégrer son
haut commandement militaire. Cette décision ne change rien de
fondamental sur la participation de la France déjà quatrième
bailleur de fonds et cinquième fournisseur de troupes de
l’OTAN. Elle n’en est pas moins un geste politique important
au sens où elle illustre la logique des nouveaux rapports de
force que, déjà en 2001, le traité de Lisbonne avait entérinés
par son article 28 stipulant que la défense européenne entrait
dans le cadre de l’OTAN.
Les USA contraints de
renégocier leur leadership sur le monde se sont donné avec
l’OTAN un instrument adapté à leurs nouveaux besoins.
Une nouvelle ère de
tensions, de guerres et de bouleversements politiques et
sociaux
L’ère Obama qui, voudrait-on
nous faire croire, apporterait une nouvelle régulation
économique et une nouvelle coopération internationale, sera
bien plus probablement celle d’une crise économique sans fin,
c'est-à-dire au mieux la stagnation, plus probablement une
régression de la société dont les forces vives, les forces du
travail, sont dévorées par le cancer du profit. Le parasitisme
des classes dominantes devient, à travers la récession,
exorbitant, insupportable. Il n’est plus masqué par le
développement économique, bien au contraire, il apparaît comme
responsable de la crise qu’il nourrit, entretient, aggrave. Le
plus probable est qu’il n’y aura pas de reprise en 2010 pas
plus qu’en 2011. Il n’y aura pas de réelle reprise parce que
les classes dominantes sont dépassées par le développement
social, les progrès techniques. Elles sont un archaïsme qui ne
survit que par la violence de l’exploitation et du pouvoir
d’Etat. La stagnation, la régression économique et sociale
nourriront les tensions internationales, la lutte pour
l’appropriation des richesses sur le marché mondial,
alimenteront la piraterie capitaliste, exacerberont la
concurrence provoquant guerres et conflits locaux au risque
d’un nouvel embrasement de la planète.
La principale inconnue de
cette nouvelle ère est l’évolution de la Chine. La puissante
classe ouvrière qui a bouleversé, par son travail et au prix
de souffrances terribles, cet immense pays laissera-t-elle les
classes dirigeantes chinoises s’engager plus avant sur le
terrain de la concurrence internationale, des rivalités
impérialistes pour contester le leadership américain ? Rien
aujourd’hui ne l’indique mais en Chine, comme sur l’ensemble
de la planète, la seule force capable de freiner, d’enrayer,
d’empêcher la logique de la crise globale de la domination des
classes bourgeoises de conduire le monde à une catastrophe
dont nous somme bien incapables d’imaginer les terribles
conséquences, est bien celle des travailleurs, des opprimés.
Les discours officiels sur la
nouvelle régulation ou la coopération internationale visent à
entretenir l’illusion que les dirigeants du monde sont
capables de maîtriser l’évolution de la société mais ils en
sont, en fait, bien incapables. Derrière les discours, il y a
la concurrence, la lutte pour les profits, les rivalités et
les luttes d’influence.
Les débuts de « l’ère Obama »
créent les conditions d’une nouvelle explosion, à plus ou
moins long terme, des contradictions économiques et
internationales à un niveau supérieur à tout ce que le passé a
connu. Mais, dans le même temps, les nouveaux rapports de
force auxquels les maîtres du monde doivent se plier ouvrent
de nouvelles possibilités pour que la classe ouvrière puisse
intervenir. Et c’est là sûrement le plus important, l’espoir.
Face à la faillite des classes
dominantes une nouvelle classe se mobilise, une classe
internationale qui n’a jamais de son histoire été aussi forte,
aussi nombreuse, et qui prend conscience, au niveau de toute
la planète, à travers sa vie quotidienne comme des événements
internationaux, de la faillite des classes dominantes.
Au sein du monde du travail,
une nouvelle conscience se forge pas à pas, la conscience que
la lutte ne peut être que globale, politique, qu’elle ne peut
dissocier les luttes revendicatives des luttes contre la
propriété capitaliste et les Etats, de la contestation du
pouvoir des classes dominantes.
Déjà, le slogan « Pas
question de payer leur crise » se répand dans toute
l’Europe. Il prend le contenu pratique et concret de l’unité
de la classe ouvrière pour défendre ses droits et l’avenir de
la société face à l’offensive de la bourgeoisie. Œuvrer à
cette unité démocratique implique d’œuvrer dans le même temps
à l’unité de tous ceux qui ont déjà conscience qu’il n’y a pas
d’issue à la crise historique que connaît la société sans que
les travailleurs conquièrent le pouvoir, la démocratie pour en
finir avec la domination de la bourgeoisie et construire le
socialisme.
Yvan
Lemaitre