Elections européennes : des candidatures pour construire l’unité autour d’un programme d’urgence
La campagne des élections
européennes se déroule dans un contexte d’attaque frontale
contre le monde du travail. Depuis le mois d’août, le nombre
de chômeurs officiellement recensés en France a augmenté de
près d’un demi-million. Ce sont en tout 3,48 millions de
travailleurs qui sont aujourd’hui inscrits à l’ANPE, un
chiffre « pas catastrophique » pour Lagarde qui a
invité sur Europe 1 à… « la patience » ! Pas un jour
sans qu’une entreprise, un groupe n’annonce un plan de
licenciements ou des « suppressions d’emplois ». Quant à la
Société générale, Bouton, son Président, vient de démissionner
(et n’en touchera pas moins 730 000 € par an rien que de
retraite) après la révélation par Libération de la
« perte » par une de ses filiales de 5 à 10 milliards d’euros
dans des spéculations sur des « fonds pourris ». 200 emplois y
sont aujourd’hui menacés. Un scandale qui fait écrire à
Laurent Joffrin dans Libération, « c’est bien le
système de la finance qui est coupable et non tel ou tel
individu. C’est lui qu’il faut changer »…
Sauf que ce système est le
cœur du capitalisme, de la dictature du profit d’une poignée
de parasites, un système basé sur l’exploitation du travail,
la mise en concurrence « libre et non faussée » de tous les
travailleurs, tous les individus entre eux. Une société
monstrueuse, qui détruit rien qu’en France des centaines de
milliers d’emplois et la vie d’autant de familles.
Face à la faillite de ce
système, il ne peut y avoir d’autre régulation que celle de
l’intervention du monde du travail et de la population pour
défendre notre droit à la vie, à un salaire, à l’Education, à
la Santé, aux richesses que nous produisons.
La
confrontation des réponses face à la crise
Dans ce contexte, les
élections européennes prennent une importance particulière.
Elles obligent toutes les forces politiques à se définir face
à la crise et ses conséquences, à présenter leur programme.
Pour les anticapitalistes, elles sont l’occasion de formuler
et populariser un programme d’urgence pour les travailleurs et
la population, un programme pour les luttes, leur convergence.
Elles sont l’occasion de mener à large échelle la bataille
politique pour faire le lien entre les luttes sociales,
syndicales et la question politique : qui décide et contrôle.
Le sens des candidatures du
NPA dans ces élections, c’est d’abord et avant tout d’être
utile à l’intervention du monde du travail sur la scène
sociale et politique, affirmer sa légitimité, l’encourager.
Nous voulons qu’elles soient une aide, un point d’appui pour
ceux qui résistent et exigent leur dû, les salariés d’EDF, les
travailleurs de Caterpillar, Continental, Molex, les
enseignants en lutte, les parents qui ne veulent pas de cette
société pour leurs enfants, les étudiants, le personnel
hospitalier, tous ceux qui ne se résignent pas, qui cherchent
à agir et ne se découragent pas en faisant concrètement
l’expérience qu’ils ne peuvent aujourd’hui compter que sur
eux-mêmes, sur notre colère commune, notre capacité à nous
organiser pour changer les choses.
Ces luttes révèlent la
violence patronale, sa hargne et celle de son personnel
politique face aux salariés qui exigent leur dû, la réalité de
la lutte de classe que le voile hypocrite du « dialogue
social » est bien impuissant à masquer. Et elles posent de
façon aigüe la nécessité de leur coordination et de leur
convergence par delà l’apathie, la paralysie des appareils et
des directions syndicales.
Le débat autour d’un projet
politique, d’un programme d’urgence, est pour cela
indispensable. Un programme de revendications immédiates pour
satisfaire les exigences sociales : l’interdiction des
licenciements, le partage du travail entre tous,
l’augmentation immédiate de 300 € net pour tous les revenus
pour faire face à l’augmentation du coût de la vie, mais aussi
l’ouverture des livres de compte, la fin du secret bancaire et
industriel... Un projet qui pose le problème du contrôle
démocratique des salariés et de la population sur la marche de
l’économie et de la société dans son ensemble.
C’est ce programme, ce projet
que nous portons aujourd’hui dans la campagne électorale, et
que nous porterons demain au Parlement Européen si nous sommes
élus, en nous y faisant l’écho des résistances et des luttes à
l’échelle européenne.
Ce programme, nous le
défendons le plus largement possible sur le terrain politique
et électoral tout en œuvrant, dans les mobilisations, à
l’unité la plus grande du monde du travail et de ses
organisations. Des mobilisations au cours desquelles se mène
le débat entre les différentes composantes du mouvement
ouvrier et social, un débat politique concret, pratique, qui
participe d’une prise de conscience nouvelle.
Dans
les élections et dans la rue : l’exigence d’une autre
Europe
Face à l’Europe du Capital,
des profiteurs unis et de leurs gouvernements, nous opposons
l’Europe unie des travailleurs et des peuples, celle des
travailleurs de Continental allemands et français ensemble à
Hanovre face aux actionnaires du groupe.
Partout en Europe, de Brown à
Berlusconi en passant par Zapatero ou Sarkozy, tous les
gouvernements mènent la même politique, quel que soit le nom
du parti au pouvoir. Face à la révolte des salariés, des
chômeurs, des jeunes, ils emploient les mêmes méthodes. Leur
Europe, c’est celle de la répression et des provocations
policières face à la contestation de leur société, du G20 à
Londres au sommet de l’OTAN à Strasbourg.
Leur Europe emprisonne les
peuples derrière les barbelés de Schengen. La semaine
dernière, Besson, homme de centre gauche d’après ses dires,
faisait rafler à Calais 200 hommes, femmes et enfants pour la
plupart afghans… alors même que la France et ses alliés
européens envoient des renforts de troupe en Afghanistan pour
y faire régner l’ordre impérialiste aux côtés des USA, un
ordre qui réduit les peuples à l’oppression et à la misère la
plus effroyable.
Face à cette entente de
brigands, nous affirmons la nécessité d’une Europe
démocratique, une libre fédération décidée et contrôlée par
les populations elles-mêmes. Une Europe respectueuse de
chacun, respectueuse de la planète et de son avenir. Une
Europe qui ne pourra naître que de l’intervention consciente
et concertée des peuples et des travailleurs européens.
Au moment où la crise
globalisée révèle à tous la faillite du capitalisme, les
élections européennes mettent en lumière les réponses
politiques de chacun, les clarifications ou, au contraire, les
ambigüités. Côté clarification : le PS, pétrifié, qui n’en
finit pas de ses querelles d’appareil et n’a d’autres réponses
à apporter à la crise que celles Sarkozy, Kouchner, Besson,
Hirsh… ou DSK. Un PS « bousculé par le G20, la crise
économique, les mouvements sociaux » a expliqué
Cambadélis, secrétaire national PS à l'Europe. Certes…
De son côté, l’entente
cordiale et libérale de Cohn Bendit, des amis de Hulot et de
Bové, tous capables, d’après Cécile Duflot, « de conduire,
ensemble, une vraie politique européenne face à la
crise », ne laisse plus grands doutes sur les
aspirations et la logique politique des uns et des autres…
Quant au Front de Gauche, il
voudrait ne pas avoir à choisir. Sur lui, pèsent non seulement
le lourd passé de ses porte-parole mais aussi le présent de ce
rassemblement aux nombreux élus membres d’exécutifs locaux à
majorité PS, voire PS-Modem… autant de solidarités qu’un
certain nombre de ces élus et l’appareil du PC ne sont pas
prêts à rompre. Cela amène le Front de Gauche à osciller entre
le soutien plein et entier aux luttes auquel aspirent nombre
de ses militants, et sa « responsabilité ».
A côté, en toute indépendance
du PS, au cœur des luttes et du mouvement social, au cœur du
combat politique, l’unité des anticapitalistes et des
révolutionnaires est plus que jamais nécessaire. Il nous faut
mener ensemble le débat, aider aux prises de consciences, les
armer, encourager, formuler un programme pour l’intervention
du monde du travail, pour poser le problème de son contrôle
sur la société. Une unité qui n’a pas été possible aux
Européennes (LO en particulier ne la veut pas) mais qui ne
peut que s’imposer, à travers le combat social et politique, à
tous ceux qui entendent défendre les intérêts des travailleurs
et de la population face à l’offensive du patronat et du
gouvernement
Face à la radicalisation des
luttes mais aussi aux doutes des militants déstabilisés par la
politique des directions syndicales, face à l’offensive
économique et politique du patronat, il nous faut apporter nos
réponses, celles du monde du travail, relever le défi, en
portant haut le drapeau d’une révolution démocratique par et
pour les travailleurs.
Isabelle
Ufferte