Votez pour la contre-offensive du monde du travail, votez NPA !

Dans la seule journée du mardi 26 mai, quatre entreprises (Euro Distribution Alimentaire, Goodyear, ABB et Altis) ont annoncé à elles seules près de 2 500 licenciements. Le lendemain, le gouvernement annonçait que ce sont 28 000 postes qui ont été supprimés en 2008 dans la fonction publique (5100 de plus que 22 900 officiellement prévus !) et que 31 000 de plus disparaitraient en 2009 et 34 000 en 2010. En même temps, chaque jour, sans « plan social », sans annonce au journal télévisé, sans bruit, des milliers de travailleurs sont jetés à la rue par simple « fin de contrat » CDD ou intérim. L’Unedic vient de publier des chiffres qui donnent la mesure du prix payé par les classes populaires : près de 4,4 millions de travailleurs seront chômeurs à la fin de l’année toutes catégories confondues, soit 639 000 de plus en un an. Autant de drames, de familles plongées dans le désarroi et la misère, tandis que les salaires baissent et que la proportion de travailleurs payés au SMIC est passée en un an de 12,9 % à 14,1 %.
 
Et à l’autre bout du décor, l’argent continue de couler à flots, les fortunes de s’étaler : l’ex-PDG de Valéo vient ainsi de justifier ses 3,2 millions d’€ de prime de départ : « Je ne trouve pas illogique, après vingt années passées dans une entreprise que je quitte contre mon gré, de partir avec deux années de salaire » soit, exactement, 260 années de salaire au SMIC !
 
Face à ce cynisme, aux conséquences dramatiques de la crise du capitalisme, la campagne menée par les grands partis institutionnels qui se disputent places et postes, à mille lieues des préoccupations quotidiennes des classes populaires, ne peut que susciter l’indifférence, le rejet.
 
Pour quelques voix de plus, Sarkozy déploie à grand renfort de médias son zèle sécuritaire, fait de la surenchère avec Darcos dans les écoles, promettant détecteurs de métaux, fouille, et proposant de transformer les conseillers d’éducation en police auxiliaire. Pendant ce temps, les flics d’Alliot-Marie arrêtent des enfants de 6 et 10 ans à la sortie de l’école. « C’est la criminalité qui crée la misère ! » provoque Sarkozy et, dans un même élan, il flatte les préjugés hostiles aux travailleurs immigrés, en particulier en s'opposant à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Quant au Parti socialiste, qui n’a fondamentalement pas d’autre politique face à la crise que d’appeler le gouvernement à renflouer une nouvelle fois les entreprises, il appelle sans rire à « changer maintenant » et au « vote utile ». Mais utile à quoi ?
 
Tous promettent de remettre en ordre l’Europe et le capitalisme, de protéger la population face aux ravages de la mondialisation. Qui peut les croire ? Les mêmes se sont relayés depuis plus de 25 ans au pouvoir dans toute l’Europe et leur politique libérale, entièrement soumise aux intérêts des multinationales, des financiers et des patrons, a plongé l’ensemble des pays européens dans la récession.
 
Alors oui, il y a de quoi être écœuré de tant de démagogie, de cynisme. Mais justement, ces élections doivent servir à le dire, elles sont l’occasion d’un vote pour dire notre révolte, pour affirmer haut et fort nos exigences, notre volonté de rendre les coups.
 
 
Faire de son bulletin un acte politique pour armer les luttes sociales
 
Il est possible, nécessaire, de faire de son bulletin de vote un geste de riposte, un geste  positif, utile.
 
Alors que les confédérations syndicales prennent les militants à contrepied, déroutent, refusant d’organiser la colère autour d’un programme clair de revendications, le vote NPA sera l’affirmation de la nécessaire riposte, du besoin de la préparer.
 
Mardi 26 mai, jour de « mobilisation » intersyndicale « décentralisée », bien des militants ne cachaient pas leur amertume, leur sentiment de gâchis face à l’absence de perspectives et l’éclatement organisé. Le décalage est croissant entre la révolte du monde du travail et le bluff des directions confédérales, leur adaptation face au pouvoir. Si les manifestations du 26 n’ont rassemblé que la minorité militante voulant, sans illusion, utiliser cette journée à son propre compte pour affirmer sa volonté de riposte, cette volonté reste vive et profonde parmi de larges couches du monde du travail. Les 72 % de la population favorables aux grèves n’ont pas disparu, la grande majorité solidaire des travailleurs séquestrant les patrons licencieurs non plus. Et les grèves dures, déterminées, comme celle de 8 semaines à EDF ou de 4 semaines à RFI, celles qui éclatent comme au journal 20 minutes et la multitude de conflits locaux contre les licenciements, les externalisations, pour les salaires, en témoignent.
 
L’éditorialiste du journal patronal Les Echos conseillait le 26 mai au pouvoir de « ne pas se réjouir » expliquant, lucide : « un pays où des millions de personnes défilaient dans les rues il y a encore deux mois n'est pas plus entré en résignation prolongée qu'il n'était la veille au bord de la révolution. Si lassitude il y a, c'est moins celle du moteur de la manifestation que de sa méthode, restée bien traditionnelle. L'essoufflement de mai annonce peut-être un second souffle social ».
 
C’est ce souffle social qu’il faut anticiper, préparer, en discutant non seulement de la méthode mais en posant les questions politiques : quelles revendications, quel programme pour unifier les luttes ?
 
Il devient une évidence pour des masses de plus en plus larges de militants, de salariés, de jeunes, que la riposte ne pourra se construire que sous la pression de la base elle-même s’organisant pour coordonner les luttes d’une entreprise à l’autre, d’un secteur à l’autre, pour s’opposer aux licenciements, aux « suppressions de postes », à la destruction des services publics, pour exiger la hausse des salaires, en un mot refuser de payer leur crise.
 
C’est le sens, la véritable portée de notre campagne que d’être l’écho, le prolongement politique de cette prise de conscience, de l’affirmation de cette nécessité.
 
Il n’y a pas d’un côté les luttes sociales et de l’autre le combat politique, électoral, mais un seul et même combat anticapitaliste mené sur tous les fronts, utilisant tous les outils. La campagne se situe dans un tournant, un moment où pour bien des militants l’heure est non seulement à la colère mais aussi aux questionnements, aux bilans, et notre campagne y participe, elle contribue à la politisation du mouvement social.
 
Le pouvoir, le patronat profitent de tous les temps morts, de chaque occasion pour tenter de pousser l’avantage, accentuer l’offensive. C’est leur raison d’être, la seule politique possible du capital, ils mènent leur guerre de classe qui ne connaît d’autre « régulateur » que le rapport de force, la lutte organisée du monde du travail pour exiger son dû. Les attaques et provocations s’accumulent : vote du travail le dimanche, campagne de l’UMP pour le travail à domicile pendant les arrêts maladie, loi sur la mobilité des fonctionnaires intégrant la possibilité de licenciement… Dans le même temps, le gouvernement, nerveux, accentue la répression contre les classes populaires et l’ensemble du mouvement social. En témoignent entre autre la répression des grévistes d’EDF ou encore le maintien en détention sans raison, pendant 6 mois, de Julien Coupat que le parquet a dû se résoudre à laisser sortir faute de l’ombre d’un début de preuve.
 
 
Dire ce qu’on pense, ne pas laisser faire
 
Notre campagne est une campagne politique pour appeler les travailleurs, la population à préparer la contre-offensive et à dire ce qu’ils pensent, à ne pas laisser faire.
 
Voter pour les listes NPA sera un geste politique clair pour dire que ça suffit, que nous refusons la course à la rentabilité financière qui conduit le monde dans le mur, ruine la société, détruit l'environnement. Un geste pour exiger le droit de chacune et chacun à un travail et un revenu décent et garanti, l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous, 300 € de plus pour tous et pas de revenu inférieur à 1500 € net. Pour affirmer la nécessité de la nationalisation des banques et du crédit pour créer un pôle financier unique au service des investissements pour satisfaire les besoins de la population, sous son contrôle.
 
Un geste qui remet en question le droit qu’une minorité s’est arrogé de diriger et décider pour tous, qui pose le problème du contrôle démocratique de la société par ceux qui la font réellement tourner, qui en produisent les richesses, en clair la question du pouvoir.
 
Ce geste est important, il comptera. S’il peut envoyer des militants anticapitalistes au Parlement européen, ce sera un appui matériel et politique, modeste certes mais au service de la controffensive du monde du travail, pour aider à la convergence des luttes. Et quoi qu’il en soit, ce vote sera un encouragement, une étape pour aider à préparer la suite, préparer le prochain « souffle social ».
 

Isabelle Ufferte