« La
situation reste incertaine et des risques importants
continuent de peser sur la stabilité économique et
financière ».
Les dirigeants du G8, à l’issue de leur réunion en Italie,
l’ont avoué eux-mêmes hier. La crise est loin d’être finie,
même si, essaient-ils de se réjouir dans leur déclaration
commune, il y a une « reprise des marchés boursiers ».
Bien au contraire, pourrait-on dire, la crise financière ne
peut que rebondir, alimentée par les mêmes politiques que
celles qui y ont conduit. D’un côté, des subventions
colossales aux sociétés financières, aux banques et aux
trusts, qui continuent à alimenter une spéculation à
laquelle les gouvernements et les autorités financières
internationales n’opposent aucun frein, et d’un autre côté
la réduction dramatique du niveau de vie des populations par
suite des vagues de fermetures d’entreprises et des plans de
licenciements, des attaques contre les salaires et les
protections sociales existantes, qui réduit d’autant les
capacités de consommation.
Totalement
impuissants à enrayer la crise parce qu’ils sont
inextricablement liés aux multinationales et à la finance,
ces « maîtres du monde » n’ont qu’une préoccupation,
préserver les profits mais aussi la domination de ces
dernières. Aussi se sont-ils inquiétés du fait que « les
effets de la crise économique sur les marchés du travail
peuvent remettre en cause la stabilité sociale ».
Il
n’empêche. Ici, en France, comme partout dans le monde,
l’offensive du patronat et du gouvernement pour faire payer
leur crise à la population, redouble de violence. Résultat
de la restructuration à grande échelle des réseaux de
production, de distribution et autres services des trusts,
on ne compte plus les petites et moyennes entreprises qui
mettent la clef sous la porte, licencient, mettent leurs
salariés au chômage partiel. Et du côté de leurs donneurs
d’ordre, les trusts, ce ne sont plus seulement ceux de
l’automobile qui restructurent mais ceux de l’aéronautique,
de la construction, et de proche en proche, tous les
secteurs de l’industrie et de l’économie.
Quant
au gouvernement, il met à profit le répit que lui ont offert
les directions syndicales en étouffant les possibilités de
généralisation des luttes qui existaient au printemps
dernier pour démultiplier les attaques contre le monde du
travail ou en préparer de nouvelles.
Face
à cette offensive, les luttes des salariés ne manquent pas,
on ne compte plus le nombre d’entreprises dont les
travailleurs refusent la fermeture et se mobilisent pour
tenter d’empêcher les licenciements. Mais de toute évidence,
c’est un mouvement d’ensemble qui serait nécessaire. Le
mécontentement et la révolte sont toujours là, mais sans
perspective, sans objectifs autour desquels unir les efforts
et les énergies, ils risquent de céder la place au
découragement, voire à une démoralisation dont peuvent
profiter non seulement le patronat et le gouvernement, mais
aussi l’extrême droite.
C’est
pourquoi le NPA a engagé une série de discussions avec les
partis et organisations politiques qui se réclament de la
lutte sociale et du mouvement ouvrier, le Parti communiste,
le Parti de gauche, Lutte ouvrière, les Alternatifs, la
Fédération de gauche, les Alterékolos, avec l’objectif de
déboucher sur la constitution d’un front social et politique
qui ait l’ambition d’agir en faveur d’une riposte d’ensemble
contre le gouvernement Sarkozy, contre ses commanditaires du
Medef, en popularisant un programme pour les luttes qui
réponde aux besoins de la population, anticapitaliste, qui
porte les exigences du monde du travail, l’interdiction des
licenciements, l’augmentation des salaires, la
nationalisation d’un secteur bancaire et financier unifié et
sous contrôle de la population.
Il
propose également sur ces bases, en tant qu’expression
politique de ce front de lutte, la constitution de listes
unitaires aux élections régionales, qui permette que se
fasse entendre avec le plus de force possible la voix de
tous ceux qui savent indispensable de préparer une riposte
d’ensemble, que s’affirme la perspective d’un affrontement
social et politique avec le pouvoir.
Une
des conditions à ce regroupement des forces aux élections
régionales est l’indépendance par rapport au Parti
socialiste qui cohabite avec le pouvoir à travers la gestion
de 20 régions sur 22. Cela suppose non seulement un bilan
critique de sa gestion, marquée entre autres par sa
politique de subventions aux entreprises et de privatisation
de certains services publics, mais également le refus de
telles listes et de ses composantes de participer à
l’exécutif des régions dans le cas où elles seraient amenées
à négocier des accords démocratiques -c’est-à-dire en toute
transparence- de fusion des listes, avec le PS si celui-ci
arrivait en tête au premier tour.
Le
PS a improvisé une réponse, proposant, par la voix de
Martine Aubry, une « nouvelle démarche de rassemblement »,
une « maison commune » « sans préalable » à
toute la gauche, des verts d’Europe Ecologie au PG, sans
oublier Chevènement.
La
question est clairement posée. L’unité pour gérer dans le
cadre des institutions ou l’unité pour les mobilisations et
les luttes afin de changer le rapport de forces.
Lors
des élections européennes, le NPA avait déjà proposé une
unité durable autour d’un programme anticapitaliste alors
qu’étaient encore en jeu des possibilités de généralisation
des luttes. Ses partenaires potentiels avaient préféré se
faire les porte-parole de l’unité prônée par les directions
des confédérations syndicales pour des journées d’action
sans perspective, de l’unité d’une gauche, certes
« rééquilibrée », mais toujours avec le PS, dans une
perspective institutionnelle.
L’échec
de cette orientation s’est exprimé tant dans l’effondrement
du PS qui souligne son incapacité à exprimer une quelconque
perspective de transformation sociale que dans les
conséquences dramatiques de la reprise en main de la
situation par le pouvoir, à l’issue de la séquence des 9
mois derniers de mobilisations.
Les
intérêts généraux du mouvement exigent une autre unité, une
unité de lutte, une unité qui serve à la préparation de
l’affrontement nécessaire avec le patronat et le
gouvernement. C’est aussi à quoi aspirent des centaines de
milliers de travailleurs, de militants, de jeunes.
Que
cette unité se réalise, qu’elle aide à ce que la rentrée
soit celle d’un regroupement des forces et de leur
remobilisation, qu’elle soit un encouragement, un facteur de
démocratie et de politisation, voilà ce que nous
souhaitons. Et, bien évidemment, nous voulons que cette
unité se concrétise sur le terrain électoral, pour les
régionales. Comme nous l’avons fait lors des européennes
nous voulons faire des élections une tribune pour les
intérêts des classes populaires, nous voulons une campagne
qui rassemble et unisse dans la perspective de
l’affrontement avec le pouvoir pour changer le rapport de
force. Nous voulons créer une réelle dynamique politique.
Nous
ne savons pas qu’elle sera l’issue des discussions engagées
mais nous regrettons, et c’est un comble, que l’organisation
la plus réticente soit Lutte ouvrière.
Face
à l’offensive du patronat et du gouvernement, construire
l’unité que le NPA propose est bien la seule politique
répondant aux besoins des travailleurs.
Cette
unité, nous voulons la construire localement en rencontrant
les militants des autres partis pour discuter tant des
actions locales que nous mènerons ensemble, des moyens d’y
associer organisations syndicales, associations…, que des
perspectives globales de la dynamique que nous engageons,
des revendications à mettre en avant, des élections, du
bilan de faillite de l’union de la gauche… Nous ne voulons
pas d’un accord corseté mais bien construire une réelle
dynamique, militante, démocratique.
Et
si cette dynamique, dans sa logique, pose la question de
constitution d’un front politique regroupant
anticapitalistes et antilibéraux, ce serait un pas en avant
que les révolutionnaires n’ont nulle raison d’écarter.
La
crise dans laquelle la politique des classes dominantes a
fait basculer le monde bouscule toutes les vieilles forces
politiques. Les travailleurs, la jeunesse aspirent à
l’unité, à la démocratie et tournent le dos aux ambitions
politiciennes, la course aux places et aux postes dans les
institutions. C’est à ces aspirations qu’il s’agit
d’apporter des réponses.
Loin
d’être frileux et craintifs, les anticapitalistes ont
l’audace de combattre pour l’unité sans réserve ni
réticence, confiants dans leur programme et leurs idées
comme dans le monde du travail et la jeunesse, respectueux
des autres courants, en un mot démocrates et
révolutionnaires.
Galia Trépère